[ÉDITO] Le logement social restera-t-il longtemps le parent pauvre de la politique gouvernementale ?

Publie le 18 mars 2024

En région Hauts-de-France, le contexte n’a jamais été aussi tendu. Avec plus de 220 000 demandes de logements social en attente, un parc qui évolue peu (+ 3 500 logements en moyenne à l’échelle régionale) et un taux de rotation des logements qui baisse, la tension sur le secteur du logement social en Hauts-de-France ne fait que croître sur tous les territoires.  Les parcours résidentiels, y compris dans le locatif social, sont bloqués. Les secteurs « tendus » sont désormais « engorgés », les zones dont le marché immobilier était jusqu’alors considéré comme « détendu », font désormais l’objet de tension…

Face à ces constats, trouvant également écho au niveau national, le tout nouveau ministre du Logement (le troisième en deux ans), Guillaume KASBARIAN a précisé, mardi 12 mars, les premières mesures qu’il entendait mettre en œuvre afin de lutter contre la crise du logement, et particulièrement celle de la construction neuve.

Sans trop de surprise, l’ambition affichée reste la même que celle de ses prédécesseurs : créer les conditions du « choc de l’offre ».

Nous ne pouvons d’ailleurs que féliciter les annonces de simplification de l’acte de construire, attendues de longue date, visant à accélérer et simplifier la construction de logements. La modernisation des procédures d’aménagement, l’accélération du passage à la numérisation, la sécurisation des porteurs de projets et la réduction de l’impact des recours, auront, de manière certaine, un impact positif sur la construction neuve en zone tendue.

Malheureusement, la crise que nous connaissons actuellement, dépasse largement le seul sujet de la construction neuve en zone tendue. Et il faudra bien plus que ces premières mesures pour libérer les capacités à faire des acteurs sur les territoires…

Parallèlement, le sujet du logement intermédiaire est désormais dans toutes les bouches, avec l’angoisse croissante que la « Loi Logement », promise et tant attendue, ne soit en fait qu’une loi strictement dédiée au développement du logement intermédiaire, passant à côté des vrais sujets sur les territoires : la production d’une offre adaptée à chaque besoin et la fluidification des parcours résidentiels.

Dans l’attente des prochaines mesures législatives, nous nous demandons combien de temps le logement social restera-t-il encore le parent pauvre de la politique gouvernementale ? Combien de temps faudra-t-il encore avant que la mesure de l’urgence, que vivent chaque jour les acteurs du territoire, ne soit prise en compte ?

Les prochains mois nous le diront. Mais vous savez pouvoir compter sur notre détermination pour défendre le modèle du Logement social régional.

Jean-Louis COTTIGNY, Président de l’URH Hauts-de-France