[EDITO] CONSEIL NATIONAL DE LA REFONDATION LOGEMENT : TOUJOURS DES MOTS…MAIS RIEN QUE DES MAUX !

Publie le 15 juin 2023

Le secteur du logement, et plus particulièrement du Logement social, est en crise. Pilier de l’économie, levier essentiel de la décarbonation et de la stratégie nationale bas-carbone, acteur de l’aménagement du territoire, garant de la mixité sociale et plus globalement de la cohésion sociale…la liste est longue et traduit le rôle fondamental de l’habitat social. Les bailleurs sociaux des Hauts-de-France le rappellent avec force depuis de nombreux mois : nous sommes en crise ! Crise de la production, crise du coût des énergies et des matériaux, crise de la demande (2,4 millions de demandes en souffrance au niveau national)… crise multiple qui met à mal notre modèle dans sa globalité…

Dans un tel contexte, nous attendions légitimement des mesures fortes de la part du Gouvernement. Les attentes étaient à la hauteur de ces enjeux lorsque ce dernier a annoncé la mise en place du CNR à l’automne 2022, nouvel espace de réflexion et de concertation collective réunissant plus de 200 acteurs du logement, dont bien évidemment l’Union Sociale pour l’Habitat. C’est donc naturellement que l’ensemble des bailleurs, les associations régionales et les fédérations Hlm se sont investis pour que des propositions concrètes, de bon sens, soient proposées, et dont nous pensions que le Gouvernement allait enfin se saisir…

Aujourd’hui, alors que les conclusions du CNR ont été rendues publiques, le constat est amer : le décalage entre les intentions, le discours et les faits est patent. Depuis quelques jours, ce sont toujours les mêmes mots qui reviennent des acteurs du logement dans leur ensemble : mesurettes, demi-mesures, bien loin des objectifs et des attentes… Emmanuelle COSSE, notre Présidente nationale, l’a d’ailleurs très bien rappelé lors de la remise de conclusions du CNR Logement : « Il ne suffit pas d’aimer le logement social pour le défendre »… Tout est dit…

Force est de le constater : malgré la richesse et le bon sens des propositions soumises au Gouvernement, aucun frein n’a été levé et le logement demeure, malgré son importance, la variable d’ajustement des politiques budgétaires de l’État : TVA à taux réduit pour soutenir la production, suppression ou à minima allègement de la RLS dans un contexte de taux de Livret A élevé, soutien économique renforcé dans le cadre de la rénovation énergétique des logements…Les mesures étaient là, simples, efficaces, identifiées. Restait pour le Gouvernement à s’en saisir. Il ne l’a pas fait.

Pire, la situation semble se dégrader davantage : mesures annoncées insuffisantes, non chiffrées pour la plupart, réponse insuffisante pour le Logement d’abord, prolongation du PTZ dans des conditions dégradées, oubli des territoires détendus et de leurs spécificités… et finalement volonté affirmée de financer le logement social et ses enjeux par un alourdissement de la dette des bailleurs sociaux…

Face à un tel constat, nous n’avons pas le droit de baisser les bras. La qualité de vie de millions de nos concitoyens en dépend. Je vais donc, accompagné des bailleurs sociaux régionaux, reprendre mon bâton de pèlerin, continuer à solliciter les élus locaux, les parlementaires et les représentants de l’État afin de faire entendre notre message. Un message au service de l’intérêt général. Gageons enfin que le Gouvernement prenne la mesure de la situation et propose, dans les semaines à venir, un véritable « pacte de confiance » au mouvement Hlm, porteur de sens et non simplement d’annonces et de mesures  insuffisantes.

Jean-Louis COTTIGNY, Président de l’URH Hauts-de-France