Les conditions de réussite du renouvellement urbain en Région Hauts-de-France – Retour sur les enseignements de la rencontre du 20 juin 2019

Publie le 20 juin 2019

Cette rencontre, un an après le premier rendez-vous régional sur le renouvellement urbain du 17 avril 2018, a encore su démontrer, par la qualité des représentations et la passion des interventions, que la région dispose des forces nécessaires pour réussir ce chantier de grande ampleur. A la croisée des enjeux écologiques, sociaux et urbains, la mobilisation et la confiance collective sera la condition de réussite de ce changement d’image et de vie que méritent les habitants des quartiers populaires. 

Nous devons loger mieux, loger autrement pour améliorer le pouvoir d’achats des habitants. Les bailleurs sociaux sont les aménageurs du territoire régional. La REV 3 démontre la capacité de notre région à initier le changement »

Jean-Louis Cottigny, Président Union Régionale pour l’habitat des Hauts-de-France

Une région fortement concernée et historiquement engagée dans les dispositifs de renouvellement urbain

10 ans de chantiers planifiés qui doivent devenir une réelle opportunité pour l’emploi régional

Les dispositifs contractuels adossés aux opérations de renouvellement urbain permettent de disposer d’une vision très précise des chantiers prévus à 10 ans à l’échelle régional. Quel volume de main d’œuvre sera nécessaire pour tenir les objectifs des projets ? Quels sont les corps de métiers concernés ? Quel volume d’insertion les chantiers vont-ils générer ? Autant de question auxquelles les acteurs régionaux devront réussir à répondre durant les prochains mois afin d’assurer la réussite des dispositifs de renouvellement urbain en Région.

« Les programmes dont vous faites état vont nécessiter 15 à 20% de main d’œuvre supplémentaire. Les entreprises régionales sont fortement sollicitées dans le cadre des chantiers du Grand Paris. Si tous les chantiers démarrent en même temps, sans anticipation des besoins, les entreprises régionales ne pourront absorber la charge de travail induite par l’ensemble de ces projets. Afin de répondre à la hauteur des enjeux, et que les emplois restent en région, il est nécessaire de disposer d’une vision claire sur les prochaines années, de mettre en place un suivi, de travailler sur la formation et sur l’insertion sur le long terme »

Patrick Leblanc, Fédération Française du Bâtiment Hauts-de-France

Le renouvellement urbain, de forts enjeux fédérateurs et mobilisateurs pour les acteurs du territoire régional

Le champ du renouvellement urbain fait écho à une situation régionale extrêmement dégradée. La réussite de l’ensemble des projets, qu’ils répondent aux objectifs de l’Agence National du Renouvellement Urbain, du programme Action Cœur de ville, ou de l’Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier, reposent sur les 3 enjeux du développement durable :

  • Un enjeu environnemental : La démolition ou la réhabilitation massive des logements dégradés ou énergivores sont un levier important pour la transition énergétique et environnemental à l’échelle régionale.
  • Un enjeu social : Le logement et les charges qui y sont liés, premières dépenses dans le budget des ménages, est levier important de lutte contre la précarité, énergétique mais également sociale, que ce soit dans les quartiers, en centre anciens, ou dans les cités minières.
  • Un enjeu économique : les emplois liés à ces grands projets doivent bénéficier au territoire régional.

1ère condition : Impliquer, mobiliser les habitants, premiers concernés, dans les projets par l’accès à l’emploi et l’insertion

Daniel BARNIER, Préfet délégué à l’égalité des chances rappelle que le niveau d’investissement et de participation publique dans le cadre de ces projets s’assimile fortement à un véritable Plan Marshal pour la Région Hauts de France. Si de nombreuses collectivités travaillent sérieusement sur la mobilisation des habitants dans l’élaboration de ces grands projets, et bien qu’ils s’agissent d’un exercice complexe, des efforts conséquents restent à mener afin que les habitants des quartiers perçoivent et contribuent à la mise en œuvre de ce plan Marshall sur leur territoire. Nous ne sommes pas dépourvus d’outils, mais nous devons aller plus loin pour multiplier par 5 ou 10 le nombre de personnes accompagnés, en développant et qualifiant le recours aux clauses d’insertion par exemple, que les bailleurs se sont bien appropriés.

Globalement, 1€ de l’ANRU génère 4€ d’investissement directement injectés dans l’économie locale !

2ème condition : Continuer à travailler ensemble sur la définition de projets opérationnels, cohérents, réalisables au plus près des spécificités de chaque territoire

Richard Smith, Secrétaire général adjoint de la Préfecture du Pas-de-calais souligne les évolutions liées au pilotage du Nouveau Programme de Renouvellement Urbain. « La décentralisation des décisions aux préfectures sur les projets d’intérêt régionaux inférieurs à 7 millions d’euros, un dialogue permanent et de qualité avec les chargés de mission territoriaux de l’ANRU, le soutien direct des services de l’Etat auprès des collectivités, le travail en interbailleurs concrétisé récemment par la signature d’une charte, ont permis d’avancer de manière efficiente sur chacun des projets pour qu’ils répondent aux besoins et aux enjeux de chaque territoire. » La réussite des programmes sera liée à la qualité du dialogue et au rapport de confiance développé entre tous les acteurs du renouvellement urbain.

3ème condition : Donner à voir aux habitants, en déclenchant rapidement la phase opérationnelle sur chaque programme

Frédéric Roussel, Président du Comité Régional d’Action Logement rappelle que le logement et l’emploi sont depuis toujours profondément liés. Largement financés par les cotisations des entreprises, l’objectif de ces programmes est clair : rapprocher le salarié de son lieu de travail, travailler sur le logement pour favoriser l’emploi. La Région Hauts-de-France est la 2ème en nombre de projets de renouvellement urbain après l’Ile-de-France et les enjeux y sont forts. « Avec la moitié des projets validés, il est désormais impératif de sortir de la phase immatérielle de conception des projets et que les phases opérationnelles s’enclenchent afin de donner à voir à nos concitoyens. »

 4ème condition : Tisser des partenariats forts pour permettre d’élaborer des projets ambitieux pour nos territoires

Brigitte Louis, directrice régionale adjointe de la Banque des territoires, revient sur les priorités de la Banque des territoires : « L’intérêt général guide notre action au quotidien car toutes les villes sont créatrices de valeur ». La Banque des territoires a pour cela développer un panel d’outils (prêt aux collectivités locales et aux bailleurs sociaux crédits d’ingénierie…), visant à accompagner les acteurs des territoires dans la définition de programmes ambitieux et de qualité, malgré la complexité et le caractère atypique de chacun des projets. Sur 5 ans, la Banque des territoires prévoit d’apporter 1,7 millard dont 1Milliard en Fond propre.

5è condition : Faire du renouvellement urbain un outil de démonstration de la Troisième révolution industrielle en Région Hauts de France

Philippe Vasseur, Président de la Mission Rev3 portée par le Conseil Régional et la Chambre régionale de commerce et d’industrie, évoque la Troisième révolution industrielle comme un consensus collectif issue de la rencontre du monde économique, du monde politique et du monde académique sur les enjeux qui les concernent tous. « Certes il faut rendre les logements plus performants énergétiquement, mais il faut avoir une vision vers l’avenir et repenser le renouvellement urbain en fonction de ce que nous permet la technologie ».

La mission REV3 a travaillé sur la publication d’un référentiel permettant d’illustrer la place que prend la troisième révolution industrielle dans les projets de renouvellement urbain

6è condition : Adapter les projets au contexte territorial en s’appuyant sur l’expertise des acteurs locaux et mettre en place un partenariat fort avec le monde économique

 Jean-Pierre Choel, Directeur général du Groupe Sambre Avesnois Immobilier, et Vice-Président de l’Union Régionale pour l’habitat rappelle que les organismes Hlm sont conscients de leur responsabilité et du rôle qu’ils doivent tenir dans les opérations de renouvellement urbain. « Le sujet n’est pas nouveau en Région. Nous avons appris à nous faire confiance, dans la co-construction. Les règles nationales doivent faire la place à l’adaptation aux situations locales. Prendre en compte les contextes, adapter les volumes de reconstitution, les produits aux enjeux des territoires concernés. La réussite de ces projets reposera sur le niveau de conviction et d’enthousiasme dont sauront faire preuve l’ensemble de ses acteurs. »

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